La mobilité est devenue une nécessité, et le déplacement banal. Les voyageurs que nous sommes ne s’aperçoivent même plus qu’ils voyagent.

Nous devrions regarder différemment tous ces lieux qui nous traversent lorsque nous roulons. Notre microcosme immobile de voyageur est projeté dans un univers en perpétuel recommencement. La vitesse modifie la perception de l’oeil. Dans les grands espaces format 16/9, la rétine fixe un point central net, laissant les bords flous, dilués dans l’esprit de la vitesse.

D’une manière identique, les perceptions latérales sont extrêmement rapides et l’on en conservera uniquement les éléments essentiels. Les autres détails sont gommés comme dans un lavis.

Le défilement constant des images transporte l’esprit dans un monde plus flou, plus onirique. Il crée ses propres paysages, la fiction se superpose à la réalité.

Les gravures présentent un paysage imprimé sur un élément mécanique, produit de la technique. Le mélange des différents papiers crée d’autres espaces possédant leur propre profondeur de champ.

CHÂSSIS 90° 1990, 105x75cm.

Un certain anticonformisme anime les grands formats de Vincent Dezeuze. Pour traduire ses impressions de voyages, le Montpelliérain utilise la gravure qui n’est plus un simple moyen de reproduction mais un véritable vecteur d’expression.
Dezeuze pratique la taille douce sur bois duquel il souligne les noeuds et rainures. De véritables Paysages se distinguent de compositions qui privilégient le geste et la nature.

Michel Flandrin 1999

Série NOCTURNE 1998, 105x75cm

Cette nuit-là, après le film, je roulai sur les routes de campagne dans la voiture de mon père, en commençant à me demander quelle était la réalité du paysage, et quelle partie d’un rêve est vraiment un rêve.

Don Delillo