La terre entière se servait de la même langue et des mêmes mots. Or en se déplaçant vers l’orient, les hommes découvrirent une plaine dans le pays de Shinéar et y habitèrent. Ils se dirent l’un à l’autre : «Allons ! Moulons des briques et cuisons-les au four». Les briques leur servirent de pierre et le bitume leur servit de mortier. «Allons ! Dirent-ils, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être dispersés sur toute la surface de la terre». Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam.

«Eh, dit le Seigneur, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur premier oeuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible ! Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres !» De là, le Seigneur les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi lui donna-t-on le nom de Babel car c’est là que le Seigneur brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le Seigneur dispersa les hommes sur toute la surface de la terre.

La Bible - Genèse 11:1 à 11:9

Il y aurait donc, selon les Anciens, un langage révélé, dans lequel les noms ne seraient pas le symbole véhiculaire des choses, mais l’expression et la réalité de la structure ultime des choses. Et nos langues ne seraient que le souvenir estompé de ce langage originel divin. Parfois, un mot paraît encore rattaché par quelque lien
ténu à sa racine divine.

« L’homme éternel » Pauwels et Bergier

POLARIS 2003, 50x30cm

LANGAGE 19° 2001, 210x150cm

ELÉVATION 2001, 210x75cm

LA TOUR

Dans le jeu de tarots, la tour, arcane seize, est située entre le Diable, (l’enfer, les profondeurs de la terre) arcane quinze, et l’étoile, (la voûte céleste, le ciel) arcane dix-sept.

Construire cette tour c’est tenter de relier le monde profane et le monde sacré et de s’élever vers cette évidence universelle qui nous touche par bribes, tentative de s’élever à un niveau de conscience supérieur, à partir duquel tout langage devient superflu.

ALPHABET

La lettre, le signe qui permet de communiquer. L’estampe est à l’évidence le médium approprié pour montrer le signe, elle a toujours été le support de la mémoire et de l’écrit, donc de l’échange. Le langage est formateur d’une construction mentale.

La lettre ou l’idéogramme sont issus d’une représentation du réel, un schéma qui a été rendu abstrait par l’usage et la simplification due à sa grande reproduction.

Je ne puis combiner une série quelconque de caractères, par exemple :
dhcmrlchtdj
que la divine Bibliothèque n’ait déjà prévu, et qui dans quelqu’une de ses langues secrètes ne renferme une signification terrible. Personne ne peut articuler une syllabe qui ne soit pleine de tendresses et de terreurs, qui ne soit quelque part le nom puissant d’un dieu. Parler, c’est tomber dans la tautologie.

« La bibliothèque de Babel », Jorge Luis Borges, Fictions

MARELLE ET MATHÉMATIQUES

Encore une fois la symbolique de la marelle nous emmène de la terre vers le ciel, son graphisme classique ressemble étrangement au plan d’une église. Le cheminement du chiffre: comme le labyrinthe, la marelle nous convie à un parcours initiatique qui s’appuie cette fois sur le chiffre.
L’écriture du chiffre s’est unifiée au fil du temps, à travers le monde on trouvait différents caractères pour représenter un nombre, aujourd’hui les logogrammes qui nous permettent de compter sont devenus les éléments d’une langue quasi universelle.